L’alimentation est devenue l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Selon une étude menée par des scientifiques du CNRS [1], un système agro-alimentaire biologique et durable, respectueux de la biodiversité, pourrait être mis en place en Europe et permettrait une cohabitation équilibrée entre agriculture et environnement. Le scénario envisagé repose sur trois leviers. Le premier impliquerait un changement de régime alimentaire, avec une consommation moindre de produits animaux, ce qui permettrait de limiter l’élevage hors sol et de supprimer les importations d’aliments pour le bétail. Le deuxième levier propose l’application des principes de l’agro-écologie, avec la généralisation de rotations de cultures [2] longues et diversifiées intégrant des légumineuses fixatrices d’azote, ce qui permettrait de se passer des engrais azotés de synthèse comme des pesticides. Le dernier levier consisterait à rapprocher culture et élevage, souvent déconnectés et concentrés dans des régions ultra-spécialisées, pour un recyclage optimal des déjections animales. Selon ce scénario, il serait donc possible de renforcer l’autonomie de l’Europe, de nourrir la population attendue en 2050, d’exporter encore des céréales vers les pays qui en ont besoin pour l’alimentation humaine, et surtout de diminuer largement la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture. Cette étude est publiée dans One Earth le 18 juin 2021.
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1 Des scientifiques du laboratoire Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols (CNRS/Sorbonne Université/EPHE) sont impliqués. Plusieurs universités européennes ont également participé : Universidad Politecnica de Madrid en Espagne ; Chalmers University of Technology en Suède ; University of Natural Resources and Life Sciences en Autriche et le Joint Research Centre en Italie.
2 La rotation de culture est la suite de cultures échelonnées au fil des années sur une même parcelle. Il s’agit de changer d’année en année la catégorie de ce qui est cultivé pour ainsi entrenir le sol et le préserver naturellement.